Mile-end café felice

Imola Zsitva, écrivaine, entrepreneure et femme extraordinaire a accepté de nous accompagner dans l'aventure mensuelle de rencontrer et d'écrire l’histoire des gens derrière les vitrines des commerces et des événements intéressants, un quartier à la fois, et l’histoire de ceux qui ont adhéré à l'idée de communauté. Bienvenue à nos «Conversations».

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CONVERSATION 1 (version française)

18 oct, 2024

Lorsque le courant a coupé, ma première pensée a été : mon café. Je pouvais renoncer à l'internet, à la nourriture chaude et même au chauffage, mais je ne pouvais pas renoncer à mon café du matin. Mes filles dormaient encore (dans leurs manteaux) quand je me suis aventurée dehors à sept heures du matin pour découvrir la ville en lambeaux. Des arbres gelés, fendus en branches cassées au sol, des voitures brisées sous le poids des arbres tombés et des lignes électriques détachées qui pendaient dangereusement dans les airs. Mais la tempête était passée et j'avais besoin de mon café. Mon téléphone était à 10 % lorsque j'ai commencé ma recherche désespérée d'un magasin, d'un couche-tard ou d'un café alimenté en électricité. Tout était sombre. J'ai marché instinctivement vers le Mile-End et mon café du coin, en priant pour un miracle (le café). Tous les magasins, restaurants et cafés de l’avenue Bernard étaient fermés. C'était pareil lorsque j'ai tourné sur l'avenue du Parc. Jusqu'à ce que j'atteigne un îlot de lumière au coin de l'avenue du Parc et Saint-Viateur : le café Felice. Ma certo, ai-je pensé. Bien sûr, il fallait que ce soit le café Felice, un phare dans une ville sans électricité. 

Une file d’amateurs de café désespérés serpentait autour du bloc. La plupart avec leurs cheveux ébouriffés du matin, et certains portaient encore leur pyjama sous leur manteau. Nous avions tous le même regard : des zombies désespérés attendant leur potion magique pour bien commencer la journée. J'ai rejoint la file d'attente et j'ai réussi à envoyer rapidement un rexto à mon ex-mari : je suis chez Felice. Il y a du café ! Dois-je t'en apporter ? juste avant que mon téléphone ne meure. Il faisait froid dehors, mais chaud dans le café. Vince, notre barista préféré, saluait chaque nouvelle personne avec un «ciao!» jovial, s'adressant à la plupart des clients par leur nom et leur posant des questions sur leurs familles pendant qu'il préparait leurs cafés. Parfois, il trouvait même le souffle de chanter un bout de chanson des tounes des années 80, suscitant le sourire des amateurs de café les plus grincheux et les encourageant à l'accompagner. Et pendant que nous faisions la queue, nous échangions des sourires compatissants, des rires, puis des conversations sur le froid qu'il faisait dans nos maisons, sur la façon dont nous restions au chaud, et nous étions tous d'accord pour dire « Dieu merci à Felice d'avoir sauvé notre bon humeur ».         	
Mais nul besoin d’une tempête de verglas pour ressentir cette chaleur au café Felice. Ici, c’est comme ça tous les jours de l’année, y compris pendant les chaudes journées d’été. Le Café Felice est un espace accueillant où l'on entend des discussions amicales en anglais, français, italien ou grec, et Vince vous appelle par votre nom et sait exactement comment vous prenez votre café. La tempête de verglas d'avril 2023 n'est qu'un rappel de cela : comment, dans les jours les plus sombres, parfois quelque chose d'aussi simple qu'un ciao animé, un sourire amical et un bon café peuvent vous remonter le moral et vous rappeler que vous n'êtes pas seul au monde.

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CONVERSATION 1 (English version)

When the power went out, my first thought was, coffee. I could give up the internet, warm food, and even the heat, but I could not give up my morning coffee. My daughters were still asleep (in their coats) when I ventured outside at seven a.m. to discover the city in tatters. Frozen trees, split into broken branches on the ground, cars smashed under the weight of fallen trees and detached power lines dangling dangerously in the air. But the storm was over, and I needed my coffee. My phone was at 10% when I began my desperate search for a store, couche-tard or a café that had power. Everything was dark. I walked instinctively towards the Mile-End and my local café, praying for a miracle (coffee). All the stores, restaurants and cafes along Bernard Avenue were closed. It was the same when I turned onto Parc Avenue. Until, I reached an island of light on the corner of Parc Avenue and St. Viateur: café Felice. Ma certo, I thought. Of course, it had to be café Felice, a lighthouse in a city without power.

A line of desperate coffee lovers snaked around the block. Most with their dishevelled morning hair, and some still wearing their pyjamas under their coats. We all had the same look: desperate zombies waiting for their magic potion to get their day started. I joined the line and managed to quickly text my ex-husband, I’m at Felice. There’s coffee! Shall I get you some? just before my phone died. It was cold outside, but warm in the café. Vince, our favourite barista, was greeting every new person with a jovial ‘ciao!’, addressing most costumers by their name, and asking about their families as he was preparing their coffees. Occasionally, he would even find the breath to sing along to a famous eighties track, eliciting a smile from the grumpiest coffee lover, encouraging them to join in. And while we waited in line, we exchanged commiserative smiles, laughs, and then words about how cold it was in our homes, how we kept warm, and we would all agree that “thank God for Felice for saving the day.”

         But you don’t need an ice storm to feel this warmth at café Felice. It is like this every day of the year here, including the hot summer days. Café Felice is a welcoming space where you hear friendly chatter in English, French, Italian, or Greek, and Vince addresses you by your name and knows exactly how you take your coffee. The ice storm of April 2023 was just a reminder of that: how in the bleakest of days, sometimes something as simple as an animated ciao, a friendly smile and good coffee can lift your spirits and remind you that you are not alone in the world.

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Cafe Felice, Mile-End, Montreal
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